Les objectifs de la politique monétaire

Les objectifs de la politique monétaire

Dans le vaste domaine de l’économie, la politique monétaire occupe une place prépondérante en tant qu’instrument essentiel pour la gestion de la stabilité financière d’un pays. En se concentrant sur les objectifs intermédiaires et finaux, ainsi que sur les principales variables telles que le taux de change et les agrégats monétaires, cet article offre un aperçu approfondi du cadre stratégique de la politique monétaire.

Les objectifs de la politique monétaire

Actuellement, la politique monétaire, comme tout politique économique, vise donc la réalisation du fameux « carré magique », tout en ayant un objectif final principal qui est la stabilité des prix.

Dans le cadre de la politique monétaire, les autorités monétaires disposent de plusieurs instruments pour atteindre cet objectif prioritaire qui est le maintien du pouvoir d’achat de la monnaie (stabilité interne de la monnaie).

Dans la mesure où il est très difficile d’établir une relation directe et précise entre les instruments et les objectifs finals, les autorités monétaires intercalent entre les instruments et les objectifs finals de la politique monétaire des objectifs intermédiaires. Les objectifs intermédiaires correspondent à des variables monétaires que les instruments de la politique monétaire peuvent influencer, Ces objectifs intermédiaires ont à leur tour un lien causal avec l’objectif final, ce qui permet d’atteindre plus efficacement l’objectif final.

Pour être considérée comme objectif intermédiaire, une variable monétaire doit satisfaire à trois critères :

  • Tout d’abord, l’objectif intermédiaire doit être contrôlable : la banque centrale doit être en mesure de contrôler l’évolution d’une variable pour qu’elle devienne un objectif intermédiaire. La cible intermédiaire doit donc réagir rapidement aux manipulations des instruments : par exemple, si l’objectif intermédiaire s’éloigne de sa croissance prévue, la banque centrale doit être en mesure de corriger sa trajectoire, par le biais des instruments utilisés.
  • Le deuxième critère est que l’objectif intermédiaire doit avoir un impact effectif sur l’objectif final (relation stable entre objectifs intermédiaire et final).
  • Enfin, son évolution doit être facilement mesurable et connue dans des délais rapides (disponibilités statistique).

Par conséquent, le choix d’un ou de plusieurs objectifs intermédiaires dépend de leur capacité à remplir simultanément les trois conditions mentionnées ci-dessus.

Quelles sont donc les variables monétaires retenues en tant qu’objectifs intermédiaires ?

Deux principales variables : le taux de change et les agrégats monétaires ont été le plus utilisées de manière individuelle ou combinée comme objectifs intermédiaires.

Actuellement, les politiques monétaires choisissent de plus en plus comme objectifs intermédiaires le suivi d’indicateurs relatifs à la sphère réelle et à la sphère financière (Évolution de la demande globale, prix des actifs, prix à l’importation etc…) qui permettent de mesurer les tendances inflationnistes en identifiant les différents facteurs de pression inflationniste.

Le taux de change

Le taux de change exprime le prix d’une monnaie nationale par rapport à une monnaie étrangère. Avec l’ouverture croissante des économies sur l’extérieur, le taux de change est un objectif intermédiaire qui a été de plus en plus privilégié par les autorités monétaires.

Le taux de change remplit les conditions d’une bonne variable intermédiaire :

  • Le taux de change est un indicateur facilement et rapidement observable.
  • Il réagit aux instruments de la banque centrale : par exemple une hausse des taux d’intérêt augmente la rémunération des placements en monnaie nationale, ce qui accroit la demande de la monnaie nationale et par la même occasion provoque une appréciation du taux de change.
  • Il existe une relation entre les variations du taux de change et l’objectif final de stabilité des prix surtout dans une économie ouverte où la part des importations est relativement importante : par exemple, l’appréciation du taux de change suite à la hausse du taux d’intérêt a une influence directe sur le prix des produits importés dont la baisse va se répercuter, avec des délais plus ou moins longs, sur les prix internes donc sur le niveau général des prix.

Un taux de change stable et fort a donc des effets favorables sur la valeur interne de la monnaie car il diminue le prix des importations et contribue de ce fait à la stabilité des prix.

Toutefois, la recherche d’une valeur externe stable et forte de la monnaie peut avoir des effets négatifs sur la balance commerciale (diminution du prix des importations et renchérissement du prix des exportations) et sur l’investissement (taux d’intérêt élevé) et affecter ainsi l’économie réelle (exemple : politique du Franc fort suivie par la France avant la mise en place de l’euro).

L’agrégat de monnaie :

L’utilisation du taux de change comme cible intermédiaire s’est souvent accompagnée d’un autre objectif intermédiaire : l’agrégat de monnaie M1, M2 ou M3.

La croissance de la masse monétaire peut en effet servir d’objectif intermédiaire puisque :

  • La banque centrale a les moyens d’agir sur la création monétaire (multiplicateur de crédit, diviseur de crédit) à travers les instruments dont elles disposent.
  • La variation de l’offre de monnaie n’a d’impact à long terme que sur l’inflation (thèses monétaristes).
  • De plus les agrégats de monnaie présentent des qualités intrinsèques indéniables (observables, fiables, disponibles, représentatifs et cohérents).

Dans la mesure où un excès de création monétaire peut être inflationniste, le contrôle de la masse monétaire permettra d’atteindre plus rapidement l’objectif final de stabilité des prix.

La question délicate qui se pose à ce niveau est celle du choix de l’agrégat : faut-il retenir M1, M2 ou M3 comme objectif intermédiaire ?

Il s’agit en fait de prendre l’agrégat :

  • qui reflète au mieux la capacité globale de dépense des agents non financiers (secteur détenteur de la monnaie)
  • qui soit le mieux influençable par les instruments
  • et le mieux corrélé avec l’objectif final (stabilité des prix).

Le choix de l’objectif intermédiaire : M1, M2 ou M3 diffère donc selon les pays et selon les périodes au sein d’un même pays :

  • La France, avant l’adoption de la monnaie unique, avait deux objectifs intermédiaires : le taux de change et un agrégat monétaire. La stratégie adoptée ensuite par la BCE repose sur un objectif quantifié de stabilité des prix et sur deux piliers : M3 et une batterie d’indicateurs sur les tendances inflationnistes.
  • Le Maroc avait un seul objectif intermédiaire : M3 jusqu’en 1998-1999, M1 de 2000 à 2005 ; M3 en 2006. Depuis 2006, le Maroc a adopté une approche multicritère.

En conclusion, la politique monétaire se révèle être un puissant outil de gestion économique, utilisé par les banques centrales pour atteindre des objectifs intermédiaires et finaux cruciaux. En se focalisant sur les taux de change et les agrégats monétaires, cette stratégie permet de réguler l’économie d’un pays, d’influencer la croissance, de maîtriser l’inflation, de favoriser le plein emploi, et de maintenir la stabilité financière.

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Ayoub Matioui

Économiste de formation et professeur d'économie ; avec l'aide de mon équipe, nous aidons les étudiants et élèves en difficulté concernant la compréhension des cours entretenus en classes. Aussi, nous mettons en place une stratégie d'orientation pour les étudiants souhaitant développer leurs connaissances acquises et voulant se projeter dans le monde de la communication et de l'information.

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