Les théories classiques de l'organisation

Les théories classiques de l’organisation

Les théories classiques de l’organisation. (Sciences économiques)

L’approche classique est née au cours de la 2ème révolution industrielle ayant favorisé l’accélération de l’industrialisation. Elle repose sur les postulats suivants :

  • L’entreprise n’est qu’un lieu de production,
  • Le propriétaire est un décideur rationnel,
  • Le travail est organisé rationnellement,
  • Les acteurs de l’organisation sont des exécutants sans logique d’action propre, sans pouvoir, sans état d’âme.

Il s’agit donc d’une approche simplificatrice de la réalité qui considère l’entreprise comme une seule unité de prise de décision, ayant pour principal objectif la maximisation du profit.

Pour aider l’entreprise à maximiser son profit, chacun des auteurs de l’école classique a élaboré un mode d’organisation visant la maximisation de la production. Il s’agit de :

  • L’organisation scientifique du travail élaborée par Frederick Winslow Taylor,
  • L’organisation administrative du travail élaborée par Henri Fayol,
  • L’organisation bureaucratique élaborée par Max Weber.

1. L’organisation scientifique du travail

Frederick Winslow Taylor

Frederick Winslow Taylor (1856-1915) est le concepteur de l’organisation scientifique du travail dont l’objectif principal est d’accroître la productivité du travail dans les usines. Pour Taylor, le travail doit être organisé scientifiquement à travers le respect des quatre principes suivants :

Une division verticale du travail : elle consiste en une séparation entre la conception et l’exécution. Une distinction doit donc être opérée entre ceux qui conçoivent les tâches (ingénieurs) et ceux qui les exécutent (ouvriers). Avant Taylor, les ouvriers se chargeaient eux-mêmes de la conception de leurs méthodes de travail, ils arrivaient à assurer une productivité souvent perfectible.

Une division horizontale du travail : il s’agit d’une parcellisation des activités et d’une spécialisation des ouvriers. Dans ce sens, le processus de production est divisé en tâches élémentaires confiées aux ouvriers et donc chaque ouvrier effectue une seule tâche, préalablement optimisée par le bureau des méthodes.

Un salaire au rendement : selon Taylor, la motivation des ouvriers à produire plus ne peut être assurée que par une politique de rémunération reposant sur la rémunération à la pièce. Avec l’application de ce principe, les ouvriers ont vu leur rémunération fortement augmenter, mais au prix d’une dépossession de leur expertise, désormais élaborée par les ingénieurs.

Un travail contrôlé : Taylor a veillé sur la mise en place d’un système de contrôle reposant sur des techniques comme le chronométrage visant à contrôler et à améliorer les temps d’exécution des ouvriers.

Taylor est parti de l’idée que la prospérité de l’employeur doit être accompagnée de celle des ouvriers : de gros dividendes pour l’employeur, un salaire plus élevé et un rendement maximum pour les ouvriers. Toutefois, l’application du taylorisme s’est traduite par une surexploitation de l’ouvrier qui a été considéré comme un simple outil au service de l’employeur.

Dans ce sens, les syndicats américains accusèrent Taylor de vouloir transformer les ouvriers en machines, et firent pression sur les milieux politiques pour obtenir l’interdiction de l’usage de ses méthodes dans les établissements industriels dépendant des pouvoirs publics. Mais suite au décès de Taylor en 1915 et à l’entrée en guerre des États-Unis en 1917, le recours au taylorisme devenait une nécessité pour accroitre rapidement la production et la productivité de l’industrie américaine. De ce fait, les syndicats durent cesser leurs attaques.

2. L’organisation administrative du travail

Henri Fayol

Tout comme Taylor, Henri Fayol (1841-1925) est un ingénieur qui s’est intéressé à l’organisation du travail au sein de l’entreprise. Sous cet angle, Fayol a précisé que toutes les entreprises comprennent six fonctions, à savoir : la fonction technique, la fonction commerciale, la fonction financière, al fonction de sécurité, la fonction de comptabilité et la fonction administrative.

C’est d’ailleurs cette fonction administrative qui a retenu toute l’attention de Fayol. Il l’a considérée comme étant la plus importante puisque c’est elle qui se charge de prévoir, d’organiser, de commander, de coordonner et de contrôler les activités de l’entreprise.

Selon Fayol, l’organisation du travail ne peut donc se faire qu’à travers la rationalisation de la direction administrative. Pour cela, il a conçu l’organisation administrative du travail qui repose sur le respect des principes suivants :

La division du travail : Elle est d’ordre naturel. Elle a pour but d’arriver à produire plus et mieux avec le même effort. L’ouvrier qui fait toujours la même pièce, le chef qui traite constamment les mêmes affaires, acquièrent une habileté, une assurance, une précision qui accroissent leur rendement. Elle a pour conséquences la spécialisation des fonctions et la séparation des pouvoirs.

L’autorité : c’est le droit de commander et le pouvoir de se faire obéir. Fayol distingue, dans un chef, l’autorité statutaire qui tient à la fonction, et l’autorité personnelle faite d’intelligence, de savoir, d’expérience, de valeur morale, de don de commandement…

La discipline : C’est essentiellement l’obéissance, l’assiduité, l’activité, la tenue, les signes extérieurs de respect réalisés conformément aux conventions établies entre l’entreprise et ses agents.

L’unité de commandement : Pour une action quelconque, un agent ne doit recevoir des ordres que d’un seul chef. La dualité ou encore la pluralité de commandement est une source perpétuelle de conflits, parfois très graves, qui sollicitent particulièrement l’attention de chefs à tous niveaux.

L’unité de direction : Un seul chef et un seul programme pour un ensemble d’opérations visant le même but. C’est la condition nécessaire de l’unité d’action, la coordination des forces et de la convergence des efforts.

La subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général : Ce principe rappelle que, dans une entreprise, l’intérêt d’un agent ou d’un groupe d’agents, ne doit pas prévaloir contre l’intérêt de l’entreprise. L’égoïsme, l’ambition, la paresse…, tendent à faire perdre de vue l’intérêt général au profit de l’intérêt particulier.

La rémunération : C’est le prix du service rendu. Elle doit être équitable et donner satisfaction à la fois au personnel et à l’entreprise. Fayol distingue pour les ouvriers, trois modes de rétribution (paiement à la journée, à la tâche, aux pièces) qu’il est possible de combiner à des primes, une participation des salariés aux bénéfices, des subsides en nature…

La centralisation : C’est un fait d’ordre naturel. La question de centralisation ou de décentralisation est une simple question de mesure. Il s’agit de trouver la limite favorable à l’entreprise. Dans les petites affaires, où les ordres du chef vont directement aux agents inférieurs, la centralisation absolue.

La hiérarchie : elle est représentée par la série de chefs qui va de l’autorité supérieure aux agents inférieurs. La voir hiérarchique est le chemin qui suivent les communications qui partent de l’autorité supérieure ou qui lui sont adressées. Ce chemin est imposé à la fois par le besoin d’une transmission assurée et par l’unité de commandement.

L’ordre : Fayol distingue l’ordre matériel (une place pour chaque chose et chose à sa place) et l’ordre social (une place pour chaque personne et chaque personne à sa place). L’ordre matériel doit avoir pour résultat d’éviter les pertes de matières et de temps.

L’équité : Pour que le personnel soit encouragé à apporter dans l’exercice de des fonctions toute la bonne volonté et le dévouement dont il est capable, il faut qu’il soit traité avec bienveillance ; l’équité résulte de la combinaison de la bienveillance avec la justice.

La stabilité du personnel : Fayol considère qu’il faut du temps à un agent pour s’initier à une fonction nouvelle et pour arriver à bien la remplir (en admettant qu’il soit pourvu des aptitudes nécessaires).

L’initiative : Concevoir un plan et en assurer la réussite, c’est ce que Fayol appelle l’initiative. C’est la liberté de proposer, d’exécuter… Un chef qui sait donner de l’initiative à son personnel, est infiniment supérieur à un autre.

L’union du personnel : « L’union fait la force » : l’harmonie, l’union dans le personnel d’une entreprise est une grande force dans cette entreprise. Fayol insiste sur un principe à observer (l’unité de commandement) et deux dangers à éviter (une mauvaise interprétation de la devise « diviser pour régner » ; l’abus des communications écrites).

Pour aider l’entreprise à maximiser sa production, Fayol s’est focalisé sur l’organisation du travail effectué par la direction administrative et qui concerne l’entreprise dans son ensemble, contrairement donc à Taylor qui a centré son attention sur l’organisation du travail qui ne concerne que les ateliers de production.

3. L’organisation bureaucratique

Max Weber

Ce mode d’organisation a été conçu par Max Weber (1864-1920) qui ouvrit la voie à la sociologie comparative et s’interrogea sur les caractéristiques de la civilisation occidentale.

Les idées de Max Weber constituent le fondement de la rationalité structurelle de la bureaucratie considérée comme l’ensemble des personnels administratifs présents dans toute structure économique, sociale et politique développée, dont l’activité est organisée suivant des procédures et une hiérarchie strictes et dont le pouvoir est important.

Max Weber avait prévu, au début du 20ème siècle, l’essor général de la bureaucratie, il en avait même précisé les règles de fonctionnement :

  • Le recrutement s’effectue sur la base d’une évaluation des qualifications et des compétences et non par relation ;
  • Le titulaire d’un poste fait partie d’une hiérarchie ;
  • Il perçoit un salaire et non des avantages en nature liés à ses fonctions ;
  • Ses pouvoirs sont crées, délimités et donc définis par ses fonctions ;
  • La prise de décision répond à des règles strictes, déjà définies ;
  • Les bureaucraties fonctionnent grâce à des compétences techniques et conservent des archives pour alimenter ces compétences.

Pour Max Weber, la bureaucratie est la forme d’organisation la plus rationnelle et ce, pour deux raisons majeurs :

  • La bureaucratie n’est basée que sur la raison, à savoir la compétence,
  • Les individus n’obéissent pas à la personne (le chef) mais à des règlements impersonnels.

Certes, le modèle bureaucratique est rationnel et sécurisant puisqu’il permet de protéger les salariés contre l’arbitraire du chef. Toutefois, un formalisme excessif est généralement source de dysfonctionnements se manifestant par l’insatisfaction du personnel, le rejet de l’innovation et de la prise d’initiative, la forte résistance au changement et la rigidité des réponses de l’entreprise face aux sollicitations de l’environnement.

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Ayoub Matioui

Économiste de formation et professeur d'économie ; avec l'aide de mon équipe, nous aidons les étudiants et élèves en difficulté concernant la compréhension des cours entretenus en classes. Aussi, nous mettons en place une stratégie d'orientation pour les étudiants souhaitant développer leurs connaissances acquises et voulant se projeter dans le monde de la communication et de l'information.

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